Il traversa la pièce sombre éclairée par de fins rayons de lumière pratiquement d'un bond, dans le bruit de ses lourdes chaussures qui faisaient grincer le planché et de sa bague ornée d'un rubis qui s'entrechoquait avec les chaines métalliques et tombantes de sa veste noire comme la nuit. Il était de taille plutôt moyenne, de constitution moyenne et ne semblait guère bien athlétique malgré toutes les épreuves qu'il avait vécu dans le passé. Tout vêtu de noir, seul sa bague apportait un semblant de luminosité sur cette silhouette désespérée. De lourdes cernes se situaient sous les yeux, empli de noirceur mais aussi d'innocence, de son visage au blanc laiteux. Ses cheveux noirs quasi mi-longs touchaient presque ses épaules et semblaient aussi noirs que son âme. Par un habile saut, il vint s'asseoir sur le bureau où se trouvait sa soeur quelques minutes auparavant. Il remonta ses gants noirs avant de prendre la parole avec une voix aux consonances douces et mélodiques. "J'imagine que vous voulez avoir ma version de notre histoire. Je vais vous révéler ça..."

Naïfs... Qu'est-ce qu'ils pouvaient l'être à cette époque. C'est justement cette naïveté, cette insouciance dû à leur jeunesse qui rendit la mort de leur mère tellement insupportable, tellement pénible que la mort aurait été une douce récompense comparée à l'atrocité de la vision qu'ils avaient vu ce jour là. Le sourire aux lèvres en compagnie de sa soeur, le jeune homme se dirigeait en courant vers sa mère tâchée d'une indescriptible tâche rouge au niveau de sa poitrine. Un cerisier en fleur déposa une feuille sur le torse de la défunte, doucement, comme une caresse. L'héritier, comprenant la situation, vint s'asseoir à côté de sa mère, sans laisser couler une seule larme. Il prit la bague rubis qui se trouvait sur l'annulaire de la main droite de sa mère et la mit au même endroit, ses mains tremblant comme si le choc de cette vision l'avait frigorifié. Sa soeur, quant à elle, ramassa le poignard qui avait servi à tuer la femme encore si jeune. Un vent violent emporta de nombreuses feuilles aux teintes roses, y compris celle qui se trouvait sur le buste et qui était maintenant teintée d'un rouge aux odeurs de rouille. Les larmes du jeune héritier ne furent pas épargnées par ce vent qui résonnait comme un réconfort des cieux pour lui...

De nombreuses années avaient passées. Pourtant, la douleur était encore bien présente chez les deux jumeaux, comme si ceci s'était passé la veille. Ils décidèrent cependant de se venger du clan qui avait tué leur mère. Zéphira avait eu beaucoup de mal à convaincre Lurmayks, bien que ce dernier passait toutes ses nuits à pleurer la mort de sa mère. C'est en constatant le manque de soif de vengeance du père que Lurmayks décida de se venger, pour sa mère et peut-être aussi un peu par coup de tête, du fait de voir son père se ficher totalement de la mort de la reine. Infiltrer le clan adverse pour les détruire de l'intérieur... C'est ce qui semblait être la meilleure chose à faire pour que la vengeance des jumeaux s'opère. La rumeur de cette vengeance parvint toutefois aux oreilles du Roi. Oui, les gens parlent... Lurmayks aussi. Croyant qu'un des majordomes, dont il était très proche, ne révélerait pas l'histoire, il commit une grave erreur en lui révélant tout et s'attira les foudres de son père qui décida de les chasser du royaume d'Horia et de les éliminer...

Des traitres. Désormais, ils étaient considérés comme cela... Sans avoir réellement le choix, ils décidèrent de s'exiler dans un endroit situé le plus loin possible du palais royal et là où personne ne penserait à venir les chercher : au sein de plaines désertiques du Royaume d'Horia. Pendant une année entière, ils vagabondèrent dans les plaines, échappant à leur poursuivants et tentant de survivre plutôt que de vivre, non sans difficultés. Les remords emplissaient le coeur du jeune héritier, mais l'année passée avec sa soeur lui fit comprendre qu'il ne devait pas se vouloir, même si celle-ci ne le pardonnait pas complètement. Llle le considérait désormais comme sa seule famille et il était maintenant impossible pour elle d'envisager de vivre l'un sans l'autre.

Un refuge. C'est ce qu'ils trouvèrent en arrivant dans le village de Pohna. Là bas, ils se créèrent une fausse identité, de simples vagabonds ayant atterris dans ce village par pur hasard. Au sein de ce village, ils apprirent toute sortes de choses. Ils découvrirent comment les personne extérieures au royaume considéraient le roi et les habitants d'Horia. Mais surtout, ils apprirent à se battre. Pendant que Zéphira apprenait le maniement de l'arme à feu, Lurmayks s'entrainait au maniement de l'arc, en compagnie d'un jeune "professeur" légèrement plus âgé que lui. Chaque jour, l'héritier allait s'entrainer avec ce professeur avec énormément d'enthousiasme, sans trop en comprendre la raison. Plus le temps passait, plus les deux jeunes gens se rapprochaient. Une sorte de flamme incandescente brulait entre eux deux, une relation ambigüe où de nombreux rapprochements avaient lieu entre les deux personnes, une relation de très forte complicité, une relation étrange qui faisait qu'une fois séparés une peine au coeur inconnue s'abattait sur le maitre et l'élève. C'est au bout de trois ans qu'une lettre parvint dans les mains des villageois, une lettre où la véritable identité des héritiers était dévoilée. Ils n'eurent d'autre choix que de mettre à feu et à sang le village pour que l'information ne se répande pas... Le professeur ne se défendit pas quand Lurmayks arriva pour le tuer. Leur histoire se termina comme cela. L'un comme l'autre, ils lurent dans leurs yeux tout ce qu'il y avait à savoir. Il banda son arc. Il tira une flèche. L'expression aussi figée que frigorifiante, il lui prit simplement la vie. Sans un mot, sans une larme, l'élève tua son maitre, son amour...

"Voilà, vous savez tout maintenant... Ma soeur a dû vous le dire mais nous avons vraiment besoin de cet emploi, je vous serai éternellement reconnaissant si vous nous acceptiez."

Ne sachant pas quoi dire d'autre, et voyant que le proviseur n'allait pas donner de décision tout de suite, Lurmayks se dirigea vers la sortie. Se remémorer les évènement passés le faisait extrêmement souffrir mais il s'était cependant promis de ne plus jamais verser de larme, chose sûrement très bête et promesse qu'il n'arriverait sûrement jamais à tenir, il le savait. Alors qu'il allait traverser la porte, son regard se dirigea vers la bague ornée du rubis, chose plus ou moins "volée" sur le corps inerte de sa mère. Avec cette bague, il avait l'impression que sa mère se trouvait toujours auprès de lui, ce qui lui donnait énormément de force. Il ne pouvait envisager de vivre sans ce précieux bijou qui lui rappelait son passé si sombre mais aussi plaisant, il y avait de cela bien longtemps. Un sourire paisible apparut, lors d'un très court instant, quand il traversa la porte et qu'il fut plonger dans la lumière des rayons du soleil...

Lurmayks Riuzuk
Age : 26 ans
Camp : Neutre
Origine : Exilée du Royaume d'Horia
Groupe sanguin : O+
Objet fétiche : Bague ornée d'un rubis "hérité" de sa mère.
Phrase favorite : "Tu peux mentir, tu peux voler, tu peux tuer mais surtout, n'aime jamais."
Fume ? Bois ? : Ne fume pas et ne boit pas.
Emploi : Professeur de philosophie du lycée d'Avalon.

A première vue, Lurmayks peut passer pour quelqu'un de hautain, de froid et de très sûr de lui. Quand on s'intéresse plus amplement à la personne, on voit que sous cette carapace qu'il se crée se cache quelqu'un de très sensible et qui a très peu confiance en lui. Il n'aime pas être entouré et préfère le calme et la solitude, tout comme sa soeur jumelle. Son passé a fait de lui quelqu'un de très réfléchi et de très mature comparé à l'enfant un peu bête et naïf qu'il était autrefois. Il vit trop dans le passé et ceci à tendance à le pénaliser. Il veut se racheter mais ne sait pas comment... Il ne croit pas en beaucoup de choses tellement il a subit de déceptions les unes à la suite des autres. La seule attache qui le retient au présent est sa soeur mais si cette attache disparaissait, plongerait-t-il définitivement dans le passé et dans la folie ?